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cour supreme, netanyahou, demographie

Israël : vers le retour de la réforme judiciaire? Pierre Lurçat

November 18 2024, 11:08am

Posted by Pierre Lurcat

La procureure de l’Etat Baharav-Myara

La procureure de l’Etat Baharav-Myara

 

Comment interpréter la déclaration du ministre Yariv Levin, remettant à l’ordre du jour le projet de réforme judiciaire? « Le temps est venu d’apporter un soutien total à la réforme du système judiciaire et des forces de l’ordre, et de mettre fin à l’anarchie, au déchaînement, à l’insubordination et aux tentatives de porter atteinte au Premier ministre», a-t-il affirmé sur les réseaux sociaux après l’attaque aux fusées éclairantes contre le domicile du Premier ministre à Césarée. S’agit-il d’une réaction à chaud incontrôlée, ou bien d’un véritable ballon d’essai, annonciateur de nouvelles initiatives visant à remettre sur le tapis le projet très contesté de réforme judiciaire ?

 

En réalité, ce “réchauffement” du front de la guerre judiciaire est - un peu comme celui du front de la guerre entre Israël et le Hezbollah, une riposte tardive, faisant suite à de longs mois de retenue de la part du gouvernement sur ce sujet sensible. Car c’est bien le camp des “tout sauf Bibi” qui a tiré le premier, en menant ces dernières semaines un véritable blitz juridico-médiatique, visant ni plus ni moins que la destitution du Premier ministre, en pleine guerre existentielle contre des ennemis voués à la destruction d’Israël.

 

C’est ainsi que doivent être interprétées les arrestations insensées d’un officier et d’un employé du cabinet du Premier ministre, mis au secret pendant plus de 10 jours et empêchés de rencontrer un avocat, en vertu d’une procédure exceptionnelle réservée aux terroristes considérés comme des “bombes à retardement”. Ce n’est pourtant pas la première fois que le Shin-Beth, le service de sécurité intérieure, utilise des outils policiers réservés aux terroristes contre des citoyens juifs israéliens.

 

Ces dernières décennies, il le faisait contre des habitants de Judée-Samarie, eux aussi traités comme de dangereux “terroristes”, le plus souvent sans aucun fondement factuel ou légal. Mais c’est la première fois que ce traitement à la limite de la légalité est utilisé contre un collaborateur du cabinet du Premier ministre. Ce faisant, le Shin-Beth a dévoilé au grand jour son visage authentique : celui d’une police politique, digne des pires régimes totalitaires.

 

En l’occurrence, c’est ainsi le Shin-Beth – avec le soutien de la Cour suprême (abusivement présentée comme “rempart de la démocratie”) et de tout  l’establishment judiciaire et médiatique – qui a posé une véritable “bombe à retardement”, visant à faire imploser le gouvernement, et démontrant une fois de plus que le “Deep State” israélien (expression que nous allons expliciter) donne préséance à sa guerre politique contre le gouvernement sur toute autre considération.


Dans la suite de cet article, nous tenterons de comprendre le lien entre cette “affaire”, les rapports entre l’armée et le gouvernement et la responsabilité du “Deep State” dans le 7 octobre.

P. Lurçat

NB Lire aussi sur ce sujet, l'article du blog Danilette, Des graves histoires, suite - Danilette's

Avec Yariv Levin à la Knesset, janvier 2012

Avec Yariv Levin à la Knesset, janvier 2012

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Bagats, la “Loi française” et la menace démographique - Trois observations sur la politique et l’actualité israélienne

October 16 2017, 14:20pm

Posted by Pierre Lurçat

La vie politique israélienne, qui ne s’est pas interrompue pendant la période des fêtes, a pris un coup d’accélérateur avec l’annonce très médiatisée de la police israélienne concernant les enquêtes en cours contre le Premier ministre Binyamin Nétanyahou. Cela fait certes des mois (des années?) que les médias israéliens annoncent régulièrement la chute prochaine du gouvernement en raison des enquêtes diligentées contre M. Nétanyahou… Plus intéressante que ces annonces répétées - qui relèvent largement de l’auto-persuasion - est l’information publiée aujourd’hui, selon laquelle la Knesset devrait examiner la semaine prochaine le projet d’introduire en Israël la “loi française” concernant l’immunité du Premier ministre en exercice. J’aurais l’occasion d’y revenir le moment venu.

 

Dans ce contexte, le récent jugement de la Cour suprême autorisant les manifestations hebdomadaires à proximité du domicile du procureur de l’Etat Mandelblit prouve une fois de plus - si besoin était - que la plus haute juridiction israélienne est tout sauf neutre et impartiale. Pendant des années en effet, la Cour suprême avait jugé que la liberté d’expression n’autorisait pas de manifester devant le domicile d’un fonctionnaire de l’Etat. De manière logique, elle estimait qu’on pouvait certes protester contre ses décisions en manifestant devant son bureau ou son ministère, mais que le domicile privé devait rester un sanctuaire hors d’atteinte.

 

Pour faire bonne figure, la juge Esther Hayot a prétendu que les manifestations kikar Goren à Petah-Tikva, où habite Avishai Mandelblit, étaient des “manifestations ordinaires”, car elles n’ont pas lieu exactement devant le domicile du procureur de l’Etat mais seulement à proximité… Au-delà de ce pilpoul peu convaincant, on retiendra surtout que la Cour suprême, et celle qui en sera la prochaine présidente, appliquent des critères sélectifs pour juger du bien fondé des manifestations politiques.

 

Tous ceux qui ont vécu la période des accords d’Oslo se souviennent en effet qu’il était souvent risqué de manifester sur la voie publique, où la police usait d’une force non mesurée pour disperser les manifestants, au prétexte qu’ils n’avaient pas obtenu d’autorisation ou que leurs manifestations constituaient un trouble à l’ordre public. A l’époque de la “Hitnatkout” (le retrait de Gaza), on a même vu la police arrêter préventivement (!) des autobus remplis de manifestants, au départ de Jérusalem et d’autres grandes villes, qui se rendaient à Sderot pour protester contre l’expulsion des Juifs du Goush Katif…

 

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Un risque de surpopulation juive en Israël ?

 

Boaz Haetsni rend compte dans les colonnes de Makor Rishon du livre d’Alon Tal, “La terre est pleine”. L’auteur est professeur à l’université Ben Gourion du Néguev et spécialiste de l’environnement. La thèse de son livre, iconoclaste, peut se résumer ainsi : si l’on ne prend pas conscience du danger de la surpopulation, Israël comptera d’ici 2050 15 millions d’habitants (dans les frontières de 1967, celles qu’Abba Eban qualifiait de “frontières d’Auschwitz”). Cette surpopulation entraînera de multiples conséquences négatives pour l’environnement, les infrastructures, l’économie, etc. Comme relève Haetsni, il est paradoxal de voir évoquer un danger démographique lié à la natalité juive, alors que pendant des décennies, la gauche israélienne a agité l’épouvantail de la démographie arabe, prétendant (à tort) que l’écart entre les taux de natalité juive et arabe obligeait à créer un Etat palestinien pour préserver la majorité juive de l’Etat d’Israël…

 

 

Le livre d’Alon Tal a au moins pour mérite d’enterrer une fois pour toutes l’argument démographique, dont des chercheurs comme Yoram Ettinger ont depuis longtemps montré le caractère fallacieux. Mais le problème que soulève ce livre est ailleurs. Si la natalité juive est effectivement en hausse (alors que celle des Arabes israéliens diminue), pourquoi vouloir limiter la population juive israélienne, comme le fait Tal, qui propose un “plafonds” de 10 millions d’habitants ? Ce malthusianisme juif est inquiétant et malvenu. En définitive, ce discours rejoint celui de tous ceux qui militent pour un Israël “Etat de tous ses citoyens” dans lequel les Juifs ne seront qu’un groupe ethnique parmi d’autres, et qui encouragent la dilution de l’identité juive.

 

Pierre Lurçat

 

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