Rencontre avec Bat Ye’or : oui, l’islam peut être réformé
(extraits de l'interview publiée dans Israël Magazine)
Je connais Bat Ye’or depuis plus de trente-cinq ans, mais chaque rencontre avec elle est une occasion d’apprendre et de s’émerveiller. A l’âge de quatre-vingt-dix ans, elle reste aussi vive d’esprit que lors de notre premier entretien. Sa visite à Jérusalem est motivée par la parution en hébreu du livre consacré à l’opération Mural (à laquelle j’avais consacré un article dans Israël Magazine). Une cérémonie s’est tenue à cette occasion à l’université Bar Ilan...
P.L. Pensez-vous que l’islam peut être réformé ? L’espoir est-il plutôt de voir des musulmans quitter l’islam, ou alors celui d’une véritable réforme théologique de l’islam ?
B.Y. Beaucoup de musulmans voudraient une réforme islamique. Mais il faudrait que les grandes autorités de l’islam acceptent de réviser les concepts de djihad et de dhimmitude.
P.L Certains disent que l’islam ne peut pas changer…
B.Y. Ce n’est pas vrai. Il est tout à fait possible que l’islam change, d’abord parce qu’il existe deux Corans, le Coran de Médine et le Coran de la Mecque, qui sont très différents (les versets dits “médinois” sont plus belliqueux que ceux dits “mecquois”, P.L). Et il y a aussi les hadith, dont beaucoup ont été supprimés, car de nombreux intellectuels musulmans considèrent qu’ils ne sont pas authentiques. On peut aussi travailler sur les débuts de l’islam et favoriser des attitudes politiques plus conformes à la modernité, comme l’ont fait le christianisme, le judaïsme et toutes les grandes religions, tout en conservant le meilleur des valeurs religieuses.
P.L. Cela veut dire que vous restez optimiste ?
B.Y. Oui… Il y a beaucoup de musulmans qui sont favorables au changement. Mais c’est à eux qu’il appartient de réaliser ce changement. Nous ne pouvons pas le faire à leur place. Si nous en Occident, comprenons les défis que pose l’islam et adoptons une attitude plus adaptée, notamment en freinant l’immigration de populations dont la religion incite à la haine de la population d’accueil, et en menant une politique adaptée aux réalités de l’islam. Cela implique de cesser de vivre dans le déni perpétuel et le mensonge de la “tolérance” musulmane… L’Europe vit dans le déni. J’ai moi-même été enfermée dans un purgatoire pour avoir parlé de ce sujet et avoir publié des livres qui l’abordent.
Nous nous quittons sur ces paroles pleines de lucidité et d’espoir. Merci, Bat Ye’or, pour vos livres, pour combat et pour votre courage !
Retrouvez l'intégralité de l'entretien dans le dernier numéro d'Israël Magazine