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Le monde manichéen de la gauche israélienne et juive, Pierre Lurçat

September 27 2024, 10:45am

Posted by Pierre Lurçat

Une gauche déconnectée des réalités  - Denis Charbit

Une gauche déconnectée des réalités - Denis Charbit

 

 

Un commentateur militaire – un des nombreux “experts” qui remplissent les plateaux des grandes chaînes télévisées israéliennes – aurait déclaré récemment que “liquider Sinwar était une mauvaise idée”, car cela… “serait bon pour le Hamas”!. Par-delà son absurdité, cette anecdote est révélatrice de l’état d’esprit d’une gauche enfermée dans sa haine abyssale pour Nétanyahou, pour le sionisme religieux et pour les Juifs orthodoxes, qui ne regarde les événements dramatiques que vit Israël depuis le 7 octobre qu’à travers le prisme déformant de sa vision du monde manichéenne, totalement déconnectée des réalités. En voici quelques exemples (parmi tant d’autres).

 

Dans le monde manichéen de la gauche israélienne (et juive), “Le problème d’Israël ce n’est pas le Hamas, c’est Nétanyahou”, comme l’a expliqué un professeur de l’université de Tel-Aviv à un intellectuel juif français dont je tairai le nom… Dans le monde manichéen de la gauche israélienne, “Israéliens et Palestiniens sont sous la coupe des leaders les plus funestes qu’ils ont connus depuis un siècle” (Denis Charbit, politologue).

 

Dans le monde manichéen de la gauche israélienne, “Il n’y a aucune différence entre Sinwar, Ben Gvir et les évangélistes, car ils partagent tous la même vision” (Edgar Keret, écrivain). Dans le monde manichéen de la gauche israélienne, “Netanyahou ne souhaite pas voir la guerre actuelle se terminer. Au contraire, son objectif serait d’instaurer un état d’urgence permanent pendant 10 ans au minimum” (Eliad Shraga, fondateur du “mouvement pour la qualité de la gouvernance”).

 

Dans le monde manichéen de la gauche israélienne, “la dimension religieuse joue un rôle important dans la politique de la coalition extrémiste de Netanyahou et plus encore dans le militantisme intransigeant du Hamas, du Hezbollah et de leur protecteur, l’Iran” (Saul Friedlander, historien). Dans le monde manichéen de la gauche israélienne et juive, “les sionistes religieux [manifestent une] volonté de soumettre les Palestiniens telle qu’ils peuvent envisager leur expulsion de l’ensemble des territoires, et donc une politique d’épuration ethnique (Bruno Karsenti, sociologue).

 

Je pourrais évidemment continuer la liste… Pour ceux qui s’intéressent aux divagations politiques et intellectuelles de la gauche israélienne, vous pouvez écouter Denis Charbit – devenu un invité quasi-quotidien des médias français, où il pérore avec une sorte de jubilation narcissique – ou encore lire le site K-la Revue, qui donne généreusement la parole aux intellectuels israéliens de gauche les plus farfelus. Fort heureusement, toute la gauche israélienne et juive ne vit pas dans ce monde fantasmagorique.

 

Certains de ses représentants ont fait, depuis le 7 octobre, un heureux retour à la réalité (Hitpak’hout en hébreu). Ainsi de BHL qui est devenu un des plus brillants défenseurs d’Israël dans les médias francophones, et qui a déclaré cette semaine, "Quand un pays est engagé dans une guerre existentielle, on ne change pas de commandant en chef au milieu de la bataille". Bravo et merci M. Bernard-Henri Lévy. Vous sauvez l’honneur de la gauche juive et israélienne. Chana tova!

P. Lurçat

Le monde manichéen de la gauche israélienne et juive, Pierre Lurçat

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Come Closer de Tom Nesher: le portrait d’une génération israélienne, Pierre Lurçat

September 23 2024, 06:21am

Posted by Pierre Lurçat

Come Closer de Tom Nesher: le portrait d’une génération israélienne, Pierre Lurçat

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Depuis le 7 octobre, le sujet du deuil est omniprésent dans la société israélienne. Comme toujours en Israël, il fait aussi l’objet de débats et de tensions. Par-delà l’opposition entre la dimension publique et privée, entre l’officiel et l’intime, il existe une autre tension, moins souvent abordée, qui est celle qui existe entre la mémoire et l’oubli. Le père d’un soldat tombé en 2006 me confiait récemment, à l’occasion d’une enquête sur les nouvelles formes de la culture mémorielle qui paraîtra début octobre dans Israël Magazine, que les parents endeuillés étaient confrontés à un double écueil : la douleur du souvenir, et celle – bien plus prégnante – du risque de l’oubli.

 

Le beau film de Tom Nesher aborde cette question délicate sous un angle qui, même s’il n’est pas lié à la guerre (il s’agit d’une sœur dont le frère est mort dans un accident), est très parlant pour les Israéliens aujourd’hui. A travers l’histoire d’une sœur qui découvre la relation amoureuse cachée de son frère après son décès, c’est le sujet du deuil, du secret et du souvenir qui est abordé par la jeune réalisatrice, dont c’est le premier long-métrage. Fille du réalisateur chevronné Avi Nesher, elle s’est inspirée de sa propre histoire familiale, son frère Ari étant mort en 2018 dans un tragique accident avec délit de fuite.

 

Dans un entretien avec le critique Austin Belzer, Tom Nesher explique : J’ai vraiment eu le sentiment, lorsque je vivais mon deuil, que j’avais besoin de cette bouée de sauvetage ; que j’avais besoin de trouver le moyen de garder mon frère encore en vie et ces sentiments sont également le moteur de ce que vit mon personnage principal”. Mais Come Closer ne parle pas que du deuil et du souvenir. C’est aussi un film éloquent sur la génération des jeunes Israéliens nés au tournant du 21e siècle, génération qui n’a pas connu le monde d’avant Internet et les téléphones portables. La “génération numérique” d’Israël est dépeinte de manière sensible et authentique. En voyant le film aujourd’hui, presqu’un an après le 7 octobre, on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement entre le film – qui ne contient aucun message politique – et la réalité.

 

La jeunesse israélienne décrite par Tom Nesher ressemble plus aux night-clubbeurs du Nova qu’aux soldats qui se battent à Rafiah et ailleurs, pourrait-on penser de manière schématique. Mais la réalité est plus complexe que tous les clichés. Car ce sont les mêmes jeunes qui étaient au Nova, qui peuplent la vie nocturne tel-avivienne décrite par Nesher et qui se battent pour défendre leur pays attaqué le 7 octobre. Un premier film émouvant et prometteur.

 

“Come closer”, de Tom Nesher a été présenté au Tribeca Festival de New-York et vient de sortir sur les écrans en Israël.

 

Come Closer de Tom Nesher: le portrait d’une génération israélienne, Pierre Lurçat

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La dimension occultée - Généalogie d’une erreur : un conflit politique et religieux

September 19 2024, 08:15am

Posted by Pierre Lurçat

La dimension occultée -  Généalogie d’une erreur : un conflit politique et religieux

Dans son beau livre Mythes politiques arabes, l’islamologue israélien Emmanuel Sivan, récemment décédé, relate un épisode largement oublié de l’histoire intellectuelle et politique du Yishouv. En 1929, à la suite des émeutes antijuives qui firent des dizaines de victimes à Hébron notamment, le gouvernement britannique créa une commission, sous l’égide de la Ligue des nations, chargée d’examiner les droits respectifs des Juifs et des musulmans sur le Kottel, le Mur occidental de Jérusalem. La direction du Yishouv demanda à Gershom Scholem d’appuyer les revendications juives en leur apportant une caution scientifique, fondée sur les sources juives.

 

Scholem, alors âgé de 32 ans et installé à Jérusalem depuis 1923, leur opposa un refus catégorique. En effet, relate E. Sivan, “notre jeune savant refusa tout net de collaborer avec la commission. Il refusa même de prêter le moindre ouvrage de sa précieuse bibliothèque… Selon lui, une telle question ne pouvait être tranchée à coups d’arguments juridiques, mais devait faire l’objet d’une négociation politique”. “Son sionisme”, conclut Sivan, “était un sionisme politique et laïque. Les conflits entre Juifs et Arabes ne pouvaient trouver leur dénouement que sur un plan politique et non religieux”.

 

Plus encore qu’elle ne nous apprend de Gershom Scholem, l’anecdote est révélatrice d’un aspect fondamental de la politique d’Israël face aux revendications arabes sur Jérusalem, et face à l'islam en général. Le refus de Scholem de considérer la dimension religieuse du conflit est en effet devenu depuis lors un leitmotiv du discours public israélien et juif, qu’on retrouve à chaque génération, répété comme un mantra. C’est au nom de cette occultation de la dimension religieuse du conflit que des générations de dirigeants politiques et militaires ont fermé les yeux sur le discours musulman radical et ont été aveugles à la montée en puissance de l’islam[1].

 

C’est également au nom de ce refus d’aborder la dimension religieuse du sionisme que Scholem s’opposa – avec d’autres intellectuels de l’université hébraïque de Jérusalem, tous sympathisants du mouvement pacifiste Brith Shalom – à la conception sioniste de David Ben Gourion, qui voyait dans la croyance messianique le fondement et le cœur du sionisme politique. “Je réfute absolument que le sionisme soit un mouvement messianique et qu’il s’arroge le droit d’utiliser une terminologie religieuse à des fins politiques”, écrivait Scholem en 1929[2]. Or, il existe apparemment un lien direct entre la signification que Scholem et les autres membres du Brith Shalom donnaient au sionisme et leur appréhension du conflit.

En effet, ceux qui refusent de voir la dimension religieuse du sionisme sont souvent les mêmes qui refusent de voir la dimension religieuse du conflit israélo-arabe. Ce lien consubstantiel – qui remonte à un siècle, donc aux tout débuts du sionisme politique – permet de comprendre un aspect essentiel de la fameuse “Conceptsia” qui a conduit au 7 octobre. Le refus d’appréhender la dimension religieuse du conflit peut en effet s’expliquer par des raisons diverses (politiques, sociologiques, etc.), mais il tient en fin de compte à un refus d’assumer notre identité. Comme si la peur du conflit avec l'islam était en définitive le masque d'une peur encore plus profonde, celle d’assumer notre identité collective… (à suivre).

P. Lurçat

 

NB La vision sioniste de D. Ben Gourion et sa dimension messianiste sont le thème du cinquième volume de la Bibliothèque sioniste qui vient de paraître, En faveur du messianisme, l’Etat d’Israël et l’avenir du peuple Juif.

 

 

[1] Je renvoie à l’entretien très instructif donné par Eliezer Cherki sur Shofar, où il aborde ce sujet.

[2] In “Sur les trois crimes du Brith Shalom, réponse à Yehuda Burla. Repris dans Le prix d’Israël, écrits politiques 1917-1974, éditions L’éclat 2017.

La dimension occultée -  Généalogie d’une erreur : un conflit politique et religieux

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Une étincelle d’hébreu: “Ha-Bsora”, la bonne nouvelle de la guerre à Gaza

September 13 2024, 10:42am

Posted by Pierre Lurçat

Une étincelle d’hébreu: “Ha-Bsora”, la bonne nouvelle de la guerre à Gaza

“Ha-Bsora”: la “bonne nouvelle”: c’est – selon des sources étrangères se fondant sur un site d’information israélien d’extrême gauche – le nom d’un outil d’intelligence artificielle destiné à “accroître le nombre de frappes à Gaza”. Mais avant de savoir s’il s’agit d’une bonne nouvelle, arrêtons-nous un instant sur le mot B’sora. Dans son beau livre Jonas, que j’ai récemment trouvé dans une bibliothèque de rue à Jérusalem, l’éditeur Jérôme Lindon qui était hébraïsant, fait justement remarquer que “traduire de l’hébreu en français est une entreprise désespérée…” Je m’en suis aperçu en lisant que l’outil d’IA utilisé par Tsahal aurait pour nom Ha-Bsora, qui signifierait L’Evangile!

 

Comme nous l’écrivions dans ces colonnes, le mot B’sora (בשורה) signifie un message ou une nouvelle, bonne ou mauvaise. Dans la plupart des cas, il désigne en fait une bonne nouvelle, au point que l'expression biblique "Ich B’sora" (איש בשורה) signifie un "bon messager", c'est-à-dire le porteur d'une bonne nouvelle, comme dans le passage du livre de Shmuel, où Ahimaats court apporter au roi la bonne nouvelle que l'Eternel l'a vengé de ses ennemis (II Samuel 18).

 

            L’information des médias français selon laquelle Israël utiliserait un outil d’IA dans la guerre à Gaza est donc erronée au moins sur un point : Ha-Bsora ne veut pas dire l’Evangile (cela aurait été une blague de mauvais goût envers nos amis chrétiens…). Son sens premier signifie la “bonne nouvelle”, sens qui a été détourné par les chrétiens pour désigner l’Evangile. Mais alors, quel rapport avec la guerre contre le Hamas ?

 

Pour répondre à cette question, je rappellerai le livre du regretté Mickaël Bar Zvi, Eloge de la guerre après la Shoah. Sa thèse, pour la résumer en une phrase, était que la guerre était une nécessité éthique et politique pour le peuple Juif. Cette vérité essentielle est tout aussi actuelle aujourd’hui qu’en 1940. Le peuple Juif, comme l’expliquait l’écrivain Yossef Haïm Brenner il y a cent ans, n’a pas encore atteint le stade du militarisme…

 

Depuis un siècle, nous avons certes accompli quelques progrès en ce domaine, mais le virus pacifiste demeure bien vivant en nous. C’est précisément là qu’intervient la “bonne nouvelle” de l’après 7 octobre. Non seulement le peuple israélien n’a pas oublié le métier des armes, malgré trois décennies de lavage de cerveau post-sioniste, mais il est prêt à s’engager jusqu’au sacrifice suprême pour défendre sa terre et son peuple !

 

            Voilà la grande et belle nouvelle, la “Bsora” qui nous a été dévoilée dans l’effroi et la stupeur de l’après 7 octobre. Israël est fort et il est beau quand il combat et quand il triomphe de ses ennemis, sans pitié et sans aucune retenue ! Avec ou sans outil d’intelligence artificielle, Tsahal est en train d’écraser militairement le Hamas, avant de s’occuper du Hezbollah et du régime des mollahs. Réjouissons-nous de cette “bonne nouvelle”! Am Israël Haï !

P. Lurçat

Une étincelle d’hébreu: “Ha-Bsora”, la bonne nouvelle de la guerre à Gaza

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Paul Fenton: Une grande partie des Arabes "palestiniens" sont en réalité descendants de Berbères algériens

September 9 2024, 14:46pm

Posted by Pierre Lurçat

Paul Fenton, photo P.Lurçat/Israël Magazine ©

Paul Fenton, photo P.Lurçat/Israël Magazine ©

J’ai récemment interviewé l’islamologue franco-israélien Paul Fenton. L’entretien, passionnant, est dans le dernier numéro d’Israël Magazine qui vient de paraître. Extraits:

Paul Fenton me relate la présence historique de pèlerins musulmans venus d’Ouzbékistan ou d’Afghanistan, revenant de La Mecque, à Jérusalem.

I.M. Cela expliquerait les origines ethniques très mélangées des “Palestiniens” d’aujourd’hui?

P.F. Absolument. Ce sont en fait des Afghans, des Tchétchènes, des Circassiens, et même des Algériens ! La Galilée est ainsi devenue un véritable fief algérien… Il y avait un grand marabout musulman, surnommé Abou Madyan, qui a été enterré à Tlemcen et qui aurait participé à la bataille de Saladin pour reconquérir Jérusalem. Depuis cette époque, des Algériens viennent péleriner sur ses traces en Palestine, et ils ont construit leur quartier, face au Kottel.

I.M. Vous avez lu à ce sujet le livre de Vincent Lemire, qui prétend qu’Israël aurait détruit le quartier des Maghrébins à Jérusalem après la guerre des Six Jours, pour effacer les traces musulmanes…

P.F. C’est un historien révisionniste, avec un agenda politique. Son agenda correspond à celui qu’avait la France avant 1948, en prétendant protéger les intérêts des musulmans français à Jérusalem. En réalité, ce sont les Jordaniens qui avaient été les premiers à démolir des maisons dans ce quartier considéré comme insalubre et malfamé. Lemire reprend sans commentaire la bourde (intentionnelle ?) de l’orientaliste Louis Massignon, qui considère que le nom Kottel ma'arabi signifie "Mur maghrébin", alors qu’il désigne le Mur occidental du Temple.

I.M. Comment expliquer que cet historien antisioniste soit invité sur Akadem ?

P.F. La bêtise et l’ignorance…

Des “arabisants” qui ne parlent pas l’arabe…

I.M. Que pensez-vous des islamologues israéliens et de leur compréhension du Hamas ?

P.F. Les fondateurs de l’école orientaliste de l’université hébraïque étaient de grand niveau, mais le niveau a beaucoup baissé depuis lors.

Paul Fenton déplore aussi le fait que l’arabe n’est presque plus enseigné dans le système éducatif israélien, que des soi-disant “arabisants” ne parlent pas l’arabe, surtout le dialectal et que l’idéologie de gauche règne presque sans partage parmi les spécialistes de l’islam, au sein de l’armée et des Renseignements militaires.

I.M. Il y a quand même des islamologues lucides, comme par exemple le professeur Moshé Sharon.

P.F. Je l’avais rencontré par l’intermédiaire de David Littman. C’est lui qui avait fait traduire en hébreu le livre de Bat Yeor, Le dhimmi.

I.M. Pour conclure, peut-on parler d’une responsabilité des intellectuels israéliens dans le 7 octobre ?

P. Fenton se refuse à donner une réponse générale, mais évoque le cas d’un orientaliste de l’armée, contaminé par l’idéologie gauchiste. Notre entretien qui touche à sa fin est interrompu par l’arrivée de plusieurs ouvriers arabes qui viennent faire des travaux dans sa cuisine. Il se lance dans une grande discussion avec eux en arabe, dont le thème – m’explique-t-il – est la place de Jérusalem dans l’islam. En écoutant ce dialogue impromptu, je me dis que la connaissance de l’arabe est la clé de la compréhension de nos voisins, pour le meilleur et pour le pire.

P. Lurçat / Israël Magazine ©

 

Paul Fenton: Une grande partie des Arabes "palestiniens" sont en réalité descendants de Berbères algériens

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Comment l’establishment judiciaire a rendu possible le 7 octobre (III): Ces juristes qui ont empêché la mobilisation de Tsahal et de l’armée de l’air

September 3 2024, 14:30pm

Posted by Pierre Lurçat

Comment l’establishment judiciaire a rendu possible le 7 octobre (III):  Ces juristes qui ont empêché la mobilisation de Tsahal et de l’armée de l’air

Comment l’establishment judiciaire a rendu possible le 7 octobre (I) La Cour suprême et la première brèche dans la barrière autour de Gaza - VudeJerusalem.over-blog.com

Comment l’establishment judiciaire a rendu possible le 7 octobre (II): La Cour suprême, cheval de Troie des ennemis d’Israël ? - VudeJerusalem.over-blog.com

Dans un article publié en février 2024 dans ces colonnes, je posais la question de savoir où était l'armée de l'air à l'heure fatidique où des milliers de citoyens sans défense étaient attaqués, pourquoi aucune escouade n'est-elle venue bombarder les hordes du Hamas et leurs supplétifs et pourquoi pas un seul avion n'était dans le ciel au-dessus de Gaza ? Des informations rendues publiques la semaine dernière permettent enfin d’apporter une réponse à cette question, qui a taraudé de nombreux Israéliens depuis le 7 octobre.

 

Selon le scoop diffusé par Avi Weiss, rédacteur en chef adjoint du site The Com, ce sont les juristes du département du procureur militaire qui ont retardé l’entrée en action de l’armée de l’air le 7 octobre. “Ils ont été les premiers mobilisés”, raconte Weiss au micro de Galit ben Horin. “Une centaine de juristes du département du procureur militaire de Tsahal étaient présents à la “Kyria” – la base de l’état-major au centre de Tel-Aviv – dès 8 heures du matin, samedi 7 octobre. Comme l’a confirmé le général (retr.) Uzi Dayan, ce sont de soi-disant “problèmes juridiques” qui ont empêché l’armée de l’air d’intervenir contre les colonnes du Hamas à la frontière de Gaza. Quelques tirs de semonce et bombardements d’avions et d’hélicoptères de combat – présents dans des bases à quelques minutes de Gaza – auraient pourtant suffit à mettre en déroute les soldats du Hamas et leurs supplétifs…

 

Mais ces tirs n’ont pas eu lieu. Les commandants de l’armée de l’air attendaient le “feu vert” du procureur militaire et du conseiller juridique du gouvernement, feu vert qui n’est jamais arrivé. Pourquoi ? Un des éléments les plus stupéfiants révélés par le journaliste Avi Weiss, au micro de Galit Ben Horin, est que l’establishment judiciaire a exigé une décision officielle du gouvernement décrétant l’état de guerre, décision qui était en vérité totalement superflue, dès lors que le Premier ministre avait lui-même déclaré que le pays était en guerre dès 11 heures du matin. Mais l’armée de l’air – comme ses chefs l’avaient répété ad nauseam pendant les mois fatidiques qui ont précédé le 7 octobre – a préféré obéir aux juristes plutôt qu’au gouvernement[1].

 

Comme l’explique encore Avi Weiss, "il est probable, mais cela reste à prouver, que personne n’a mis au courant Netanyahou que les juristes interdisaient à l’aviation d’intervenir. Depuis des années, l’armée israélienne fonctionne de façon indépendante. Donc, tous les échanges avec les juristes militaires sont considérés comme internes à l’armée et confidentiels, par conséquent nul besoin de tenir les politiques au courant".

 

Ce que signifie ce scoop (qui n’a pas été relayé par les grands médias israéliens – alignés sur l’opposition actuelle et pratiquant une information très sélective –) c’est que l’armée de l’air a failli à sa mission essentielle, celle de protéger les frontières et les citoyens d’Israël, pour la raison précise qu’elle n’a pas voulu obéir au gouvernement, préférant attendre les consignes de l’establishment judiciaire… La réalité sinistre annoncée pendant les longs mois de lutte fratricide contre la réforme judiciaire – celle d’une armée refusant d’obtempérer aux ordres d’un gouvernement considéré comme illégitime – s’est finalement matérialisée le 7 octobre. Ce sont les citoyens en arme, les policiers et quelques unités d’infanterie et de blindés qui ont sauvé le pays d’une catastrophe encore plus grande, tandis que l’armée de l’air, elle, ne bougeait pas…

 

Pour conclure – provisoirement – sur ce sujet, j’ajouterai une note personnelle à l’attention des lecteurs opposés à la réforme judiciaire. Celle-ci, comme il s’avère aujourd’hui de manière tragique, est une nécessité vitale pour que notre pays puisse se défendre contre ses ennemis. L’establishment judiciaire, comme j’ai essayé de le démontrer dans cette série d’articles, a émasculé notre armée et l’a empêché de protéger notre pays. Même en acceptant l’argument discutable[2], selon lequel la réforme rendrait Israël moins démocratique, il reste à choisir entre un pays “plus démocratique” mais à la merci de ses ennemis, et un pays “moins démocratique”, mais capable de survivre. Et toi, ami lecteur, préfères-tu être “démocratique”, ou être vivant ?

P. Lurçat

 

 

 

[1] Remarquons au passage que la déclaration d’état de guerre faite par le Premier ministre est un des exemples classiques illustrant le “pouvoir performatif” du langage, c’est-à-dire la capacité d’énoncer une réalité qui s’auto-réalise dès lors qu’elle est affirmée… Mais dans la nouvelle réalité créée par l’establishment judiciaire en Israël, le pouvoir exécutif a été peu à peu privé de toutes ses prérogatives, y compris celle, cruciale, de déclarer l’état de guerre.

[2] Argument que j’ai longuement contesté dans mon livre Quelle démocratie pour Israël?

Le dernier volume de la bibliothèque sioniste, consacré à David Ben Gourion et intitulé L’Etat d’Israël et l’avenir du peuple Juif, vient de paraitre aux éditions de l’éléphant.

Le dernier volume de la bibliothèque sioniste, consacré à David Ben Gourion et intitulé L’Etat d’Israël et l’avenir du peuple Juif, vient de paraitre aux éditions de l’éléphant.

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