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Comment l’establishment judiciaire a rendu possible le 7 octobre (II): Les normes perverties de la justice israélienne

July 30 2024, 16:34pm

Posted by Pierre Lurçat

Comment l’establishment judiciaire a rendu possible le 7 octobre (II):  Les normes perverties de la justice israélienne

 

A ceux qui pensaient que le 7 octobre avait rendu obsolète le débat sur la réforme judiciaire, les événements des derniers jours apportent un démenti cinglant, et une preuve concrète que celle-ci n’a jamais été aussi actuelle qu’aujourd’hui. La décision scandaleuse du procureur de l’armée de poursuivre et d’arrêter des soldats réservistes, soupçonnés d’avoir commis des “actes illégaux” à l’encontre de terroristes de la Nuhba se trouvant sous leur garde, a placé sous les feux de l’actualité la question lancinante des normes que la justice israélienne prétend imposer à Tsahal, dans son combat existentiel contre le Hamas et les autres ennemis d’Israël. Deuxième volet de notre série d’articles consacrée à la responsabilité de l’establishment judiciaire dans la tragédie du 7 octobre.

Lire la 1e partie : Comment l’establishment judiciaire a rendu possible le 7 octobre (I) La Cour suprême et la première brèche dans la barrière autour de Gaza - VudeJerusalem.over-blog.com

Comme l’a déclaré avant-hier (lundi) la mère d’un des réservistes poursuivis par la justice militaire, “la justice n’est pas capable de faire la distinction entre un frère et un ennemi”. C’est précisément, résumé de manière lapidaire, le cœur du problème. Aux yeux du procureur militaire, comme des juges de la Cour suprême et de l’establishment judiciaire dans son ensemble, il n’y a pas de différence fondamentale entre un soldat de Tsahal qui risque sa vie pour défendre son peuple et sa terre, et un terroriste du Hamas ! Les deux sont des “sujets de droit” et la même justice abstraite et coupée des réalités doit s’appliquer à eux. L’anecdote suivante permettra de le comprendre.

 

Une des informations les plus scandaleuses publiées cette semaine en Israël fait état d’appels téléphoniques réalisés sur l’initiative du cabinet du procureur à destination de terroristes du 7 octobre qui ont été depuis relâchés et renvoyés à Gaza, pour savoir “Quelle était leur impression après leur détention en Israël” ! Vous avez bien lu ! Aux yeux de certains membres haut placés de l’establishment judiciaire israélien, il est important de savoir si les terroristes relâchés sont satisfaits de leurs conditions de détention… On croit rêver ! Ce même cabinet du procureur qui considère les valeureux soldats de Tsahal qui risquent leur vie chaque jour comme des criminels en puissance traite les terroristes du Hamas comme des consommateurs du système pénitentiaire israélien et s’enquiert de leur “satisfaction”…

 

Pour comprendre cette information hallucinante, il faut essayer de se mettre dans la tête du procureur militaire, du procureur de l’Etat et de l’ensemble des membres de l’establishment judiciaire actuel en Israël. Essayer d’oublier toutes les valeurs que nous partageons communément – amour du peuple Juif, de la terre d’Israël et de sa Torah – pour tenter d’adopter par la pensée un système de valeurs très différent. Dans ce système, seule la loi compte. Comme l’a dit un jour le juge Aharon Barak, “grand-prêtre” du système judiciaire depuis quatre décennies et mentor des élites israéliennes en général, seule la loi est légitime, et seul le juge est habilité à comprendre la loi et à la “dire” au peuple ignorant[1].

 

Le mépris et la condescendance inhérents à une telle conception sont encore apparus récemment, lors de l’audience de la Cour suprême au cours de laquelle le juge Fogelmann a consenti à “expliquer” aux familles de victimes présentes pourquoi l’Etat d’Israël était un “Etat de droit” et comment cela l’obligeait à approvisionner les habitants de la bande de Gaza… Il fallait voir la mine satisfaite et le regard condescendant et légèrement amusé avec lesquels Sa Majesté le Juge s’adressait au “petit peuple”, pour comprendre combien la caste à laquelle il appartient méprise le peuple d’Israël.

 

La loi dans son acception occidentale, qui est celle adoptée sans réserve par le juge Barak – ou le “légalisme” comme l’explique le rabbin Léon Ashkénazi dans son commentaire sur la parashat Matot – a pour particularité d’être entièrement dissociée de la morale. S’il est “légal” d’arrêter un soldat israélien accusé d’avoir “maltraité” un terroriste du Hamas, alors pourquoi ne pas le faire ? S’il est “légal” de nourrir les habitants de la bande de Gaza, quitte à renforcer le Hamas qui a la haute main sur la distribution de nourriture, alors c’est une obligation pour Tsahal de le faire ! Et tous les citoyens israéliens qui tentent d’empêcher l’approvisionnement de Gaza par Israël sont eux, des “délinquants”, qui doivent être empêchés de nuire, si besoin est au moyen de lourdes sanctions financières imposées par l’administration américaine, avec la collaboration active des banques et des autorités israéliennes…

 

Dans le monde du juge Barak, de la procureure de l’Etat Baharav-Myara et de leurs collègues, aucune norme morale ne permet de mettre en cause la “légalité”, dont ils détiennent seuls les clés d’interprétation. “Il n’existe aucun domaine de la vie qui échappe au droit”, explique doctement Barak, et seule la Cour suprême est habilitée à dire le droit, y compris en se plaçant au-dessus et à la place de la Knesset (qui ne représente que le “petit peuple”, ignorant et incapable de comprendre ce que signifie un Etat de droit). Voilà, en quelques mots, ce qui permet de comprendre pourquoi il est “légal” – et donc “légitime” et normal – de fournir les meilleures mangues, produites en Israël, à la population de Gaza et d’incarcérer les soldats de Tsahal qui n’ont pas fait preuve de suffisamment d’humanité envers les bêtes humaines qui ont commis les crimes du 7 octobre. (à suivre…)

P. Lurçat

 

 

[1] Sur ce sujet, je renvoie le lecteur à mon livre Quelle démocratie pour Israël ? Gouvernement du peuple ou gouvernement des juges ? Editions l’éléphant 2023.

Comment l’establishment judiciaire a rendu possible le 7 octobre (II):  Les normes perverties de la justice israélienne

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Israël - Etats-Unis : une alliance éternelle? Trois réflexions au lendemain du discours de Nétanyahou au Congrès

July 26 2024, 14:18pm

Posted by Pierre Lurçat

Bentsion Netanyahou et son fils, lors d’une cérémonie en souvenir de Yoni

Bentsion Netanyahou et son fils, lors d’une cérémonie en souvenir de Yoni

 

1.

Dans un exposé passionnant, donné pour l’année du décès du professeur Bentsion Nétanyahou à Jérusalem, Rafael Medoff relata la campagne menée par Nétanyahou aux Etats-Unis pour la création d’un État juif, dans les années 1940. Directeur de l’institut Wyman de recherche sur l’antisémitisme à Washington, Rafael Medoff a publié plusieurs livres sur la période des années 1940 aux États-Unis, et notamment A Race Against Death: Peter Bergson, America, and the Holocaust, qui relate le combat du « groupe Bergson » pour alerter l’opinion publique américaine sur l’anéantissement des Juifs en Europe. Peter Bergson et Bentsion Nétanyahou appartenaient aux mêmes cercles sionistes révisionnistes et ont mené plusieurs combats communs, même si leurs priorités étaient différentes : le premier se focalisait sur la lutte pour tenter de sauver les Juifs d’Europe, tandis que le second se consacrait au combat politique pour la création d’un État juif en Eretz-Israël.

 

Le point le plus marquant de cet exposé était le suivant : lors de son séjour aux États-Unis, en pleine Deuxième Guerre mondiale, Bentsion Nétanyahou créa l’embryon de ce qu’on appelle aujourd’hui le lobby juif américain. Alors que les sionistes « mainstream » parlaient aux dirigeants américains dans un langage prudent et souvent timoré, Nétanyahou s’exprimait clairement et sans aucune honte : il leur parlait le seul langage que les dirigeants politiques comprennent, à savoir celui des intérêts. Historien talentueux doué d’une capacité d’analyse politique hors du commun, Bentsion Nétanyahou fut ainsi le premier à défendre la cause sioniste aux États-Unis, en faisant valoir que la création d’un État juif servirait de rempart contre l’influence soviétique au Moyen-Orient. Et, contrairement aux dirigeants sionistes « mainstream » qui étaient acquis au président Roosevelt (lequel ne fit rien pour enrayer la destruction des Juifs d’Europe), Nétanyahou sut tisser des relations étroites avec les deux grands partis politiques américains, qui s’avérèrent essentielles lors du vote aux Nations unies sur la création d’un État juif.

 

2.

A cet égard, le “tropisme américain” de Benjamin Nétanyahou s’inscrit dans le droit fil de l’action de son père, comme on a pu le constater cette semaine, dans son remarquable discours prononcé (pour la 4e fois !) devant un Congrès enthousiaste. Les applaudissements nourris de la quasi-totalité des membres des deux chambres du Congrès américain, qui réservèrent au discours de “Bibi” un nombre record de “standing ovations”, n’étaient pas seulement destinés à la personne du Premier ministre. A travers lui, c’est au peuple d’Israël tout entier qu’ils s’adressaient. Chaque Juif et chaque Israélien (et aussi chaque observateur honnête) a pu mesurer à cette occasion la profondeur de l’amitié qui unit les deux peuples et les deux pays. Il est d’autant plus regrettable que certains commentateurs israéliens, à l’instar des médias français, n’aient pas saisi la grandeur du moment et ne soient pas parvenus à oublier - l’espace d’un instant - leur haine abyssale et totalement irrationnelle envers Nétanyahou… Celui-ci s’est une fois montré sous son meilleur visage : celui d’un homme d’Etat et d’un fin politique, qui maîtrise à la perfection les arcanes du Congrès et de la vie politique américaine en général.

 

3.

              Mais le succès remporté par Nétanyahou – et, à travers lui, par Israël – devant le Congrès américain ne doit pas masquer la question préoccupante, qui est devenue de plus en plus pressante depuis le 7 octobre : combien de temps durera l’alliance entre Israël et les Etats-Unis ? L’absence remarquée de Kamala Harris lors du discours de Nétanyahou était à cet égard lourde de signification. Si elle devait, à D. ne plaise, être élue présidente des Etats-Unis en novembre, sa victoire porterait sans aucun doute un coup très lourd aux relations bilatérales entre les deux pays. Mais, même si Donald Trump est élu, la guerre qui a débuté le 7 octobre a montré les fragilités de l’alliance Israël-Etats-Unis et les dangers inhérents à la confiance excessive portée par l’establishment militaire et sécuritaire israélien dans l’allié américain.

 

Il est grand temps de repenser les fondements de cette alliance et de repenser aussi la doctrine stratégique d’Israël, en tirant les conclusions de neuf mois de guerre. Voici quelques directions dans lesquelles il conviendrait sans doute de s’orienter : aspirer à une véritable indépendance en matière d’armement, autant que faire se peut, pour échapper aux pressions exercées par les pays fournisseurs d'armes en pleine guerre. Et plus généralement, viser à devenir véritablement indépendants, dans la mesure du possible, sur le plan stratégique, militaire et politique. La sécurité d’Israël repose en définitive sur le seul peuple Juif, car comme l’écrivait David Ben Gourion en 1957, “L’État d’Israël ne peut compter que sur un seul allié fidèle dans le monde : le peuple Juif”[1]. Vérité ultime qui demeure tout aussi vraie aujourd’hui qu’alors.

P. Lurçat

 

 

[1] Dans un texte inédit en français, à paraître en septembre dans la Bibliothèque sioniste. D. Ben Gourion, En faveur du messianisme : L’Etat d’Israël et l’avenir du peuple Juif, éd. de l’éléphant 2004.

Israël - Etats-Unis : une alliance éternelle? Trois réflexions au lendemain du discours de Nétanyahou au Congrès

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Comment l’establishment judiciaire a rendu possible le 7 octobre (I) La Cour suprême et la première brèche dans la barrière autour de Gaza

July 23 2024, 06:39am

Posted by Pierre Lurçat

La Cour suprême d'Israël

La Cour suprême d'Israël

Le moment n'est pas encore venu de dresser la liste des responsables de l'échec colossal du 7 octobre, mais on peut déjà établir certains faits indéniables. Dans mes précédents articles consacrés à la "Conceptsia", j'ai évoqué les responsabilités de l'armée et de l'establishment sécuritaire et politique, et aussi celles de certains islamologues qui n’avaient rien compris au Hamas. Je voudrais évoquer à présent un maillon essentiel dans la chaîne d'événements qui ont conduit au 7 octobre : celui de la Cour suprême d'Israël.

 

Le journaliste Yoni Rothenberg rappelait récemment[1] un épisode oublié de l'avant 7 octobre, celui des manifestations hostiles à la frontière de Gaza, qui ont commencé en 2018. A l'époque, on avait cru qu'il s'agissait uniquement d'une démonstration destinée à des fins de propagande – sur le thème du "droit au retour" – qui visait essentiellement à attirer l'attention internationale sur la situation à Gaza. Aujourd'hui, on comprend que toute cette entreprise, menée pendant des semaines et des mois, s'inscrivait en fait dans la stratégie à long terme qui a abouti au 7 octobre.

 

Que s'est-il passé en effet ? De manière répétée, des centaines de manifestants "pacifiques" se sont approchés de la barrière séparant Gaza du territoire israélien. Or, au début des années 2010, les consignes de Tsahal étaient claires : toute personne s'approchant de la barrière pouvait (comme pour toutes les frontières au monde, surtout celles séparant deux pays en état de guerre) être visée par des tirs de semonce, voire par des tirs visant à la neutraliser. C'est alors que la Cour suprême et le procureur militaire sont intervenus, toujours dans un sens bien précis, celui visant à protéger les "civils innocents" de Gaza, en émasculant progressivement les consignes de tir de Tsahal.

 

Le Hamas – qui suit de près l'évolution de la société israélienne et qui est très au fait des conflits internes à Israël, comme on l'a compris avec retard après le 7 octobre – a utilisé la brèche ouverte par la Cour suprême et par le procureur militaire dans la barrière "intelligente". Après que 300 gazaouis eurent été tués lors des premières manifestations autour de la barrière, l'association pour les droits civiques déposa un recours à la Cour suprême. L'armée préféra éviter d'avoir à se justifier devant la Cour et prit elle-même les devants, en changeant  ses consignes de tirs. La brèche ainsi ouverte dans la barrière n'était pas seulement une brèche juridique et symbolique, comme en atteste la mort du soldat Barel Hadaryia Shmueli H.y.d., tué à bout portant derrière la barrière... En réalité, le Hamas venait de remporter sa première victoire militaire.

La décision de la Cour suprême fut ainsi – comme le 17 Tammouz que nous commémorons aujourd’hui – la première brèche qui conduisit à la catastrophe du 7 octobre. Lors des interrogatoires de terroristes de la Nouhba après le 7 octobre, une des révélations les plus intéressantes, qui n'a presque pas été reprise par les grands médias israéliens, fut la suivante. Les manifestations sur la barrière avaient pour objectif de permettre au Hamas, profitant du chaos généré, de poser des mines près de la frontière et de recueillir des informations précieuses, qui lui servirent le 7 octobre.

 

Une semaine avant la date fatidique du 7 octobre 2023, les manifestations près de la barrière, qui avaient cessé depuis longtemps, reprirent de manière inattendue et inexpliquée. Les meilleurs spécialistes israéliens avancèrent toutes sortes d’hypothèses, aussi erronées les unes que les autres, pour tenter d’expliquer la raison de ce revirement. En réalité, il s’agissait cette fois de la “répétition générale”... Les manifestants allèrent jusqu’à faire exploser des charges de forte intensité sur la barrière elle-même, sans que Tsahal puisse réagir, ayant adopté ses nouvelles normes de “riposte” dictées par l’establishment judiciaire de Bagats et du procureur militaire. La suite est connue, hélas.

 

Le journaliste Y. Rothenberg, qui rappelle ces événements dans le journal Besheva, en tire la conclusion qui s’impose : la Cour suprême ne doit pas être impliquée d’aucune manière dans les enquêtes qui devront déterminer les responsables du 7 octobre. Toute commission d’enquête qui serait dirigée par un ancien juge à la Cour suprême sera empêchée de rechercher la vérité, car on ne peut être juge et partie. Or la Cour suprême – et à travers elle, l’ensemble de l’establishment judiciaire israélien – portent une lourde responsabilité dans les événements qui ont mené au 7 octobre (à suivre).

P. Lurçat

 

[1] Y. Rothenberg, “Ce n’est pas ainsi qu’on mène une enquête”, Besheva 18.7.2024.

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Le secret de la force de Tsahal : Le renforcement de la conscience juive, P. Lurçat

July 15 2024, 17:33pm

Posted by Pierre Lurçat / Israël Magazine

Le secret de la force de Tsahal : Le renforcement de la conscience juive, P. Lurçat

Tsahal, qui est officiellement une institution apolitique, est en réalité l’objet de conflits politiques récurrents depuis 1948. Le renforcement de la tendance sioniste-religieuse au sein de l’armée – dont l’apparition des écoles militaires religieuses est à la fois la conséquence et le moteur – a depuis longtemps suscité la crainte et l’opposition de ceux qui refusent de voir se renforcer le caractère juif de l’État. En 2008 déjà, le journal Ha’aretz avait lancé une campagne virulente contre l’aumônier militaire, le général de brigade Avihaï Rontski, après que celui-ci ait créé au sein de l’armée un département du rabbinat au nom évocateur : “Une conscience juive pour une armée victorieuse”.

 

Le rabbin Rontski, dont j’avais à l’époque dressé le portrait dans les colonnes d’Israël Magazine, était devenu la véritable “bête noire” de Ha’aretz et des cercles progressistes israéliens. Si je rappelle cet épisode aujourd’hui, c’est parce que Rontski a été un précurseur. Les nombreux anciens élèves de Bnei David qui combattant actuellement à Gaza et au Nord et les officiers supérieurs issus de ses rangs sont la preuve que le combat pour renforcer la conscience juive au sein de l’armée a porté ses fruits.

 

Comme le rappelait récemment le rabbin Moshé Hauer, dans la revue américaine Jewish Action, une des particularités de l’école militaire Bnei David est la place qu’y occupe, au sein du cursus de ses élèves, l’étude de la foi juive, la Emounah. En effet, explique-t-il, “au lieu d’aborder des questions théologiques comme l’existence de Dieu ou les fondements de la croyance juive, le programme se focalise sur les questions du « pourquoi ». Pourquoi Dieu a-t-il créé le monde et pour quelle mission a-t-il choisi de créer l’homme ?

 

La “Emounah” – la foi juive au sens particulier de croyance dans l’intervention divine dans l’histoire humaine – est en fait un des éléments de l’esprit combattif exceptionnel que les soldats de Tsahal, et notamment ceux issus des écoles militaires sionistes religieuses, ont manifesté depuis le début de la guerre. S’ils ne sont pas encore parvenus au sommet de la hiérarchie de l’armée, les soldats passés par Bnei David remplissent d’ores et déjà un rôle important dans le renforcement de Tsahal.

 

Il y a encore quelques années, les médias israéliens pouvaient faire état des “craintes” suscitées par le renforcement du courant sioniste-religieux au sein de l’armée et crier au scandale lorsqu’Ofer Winter, alors commandant de brigade, menait ses troupes au combat au cri de “Shema Israël”! Aujourd’hui, cette polémique semble totalement incongrue et dépassée. Le peuple d’Israël, dans son immense majorité, a compris que le judaïsme ne représente pas un danger pour l’armée, mais bien le cœur et le secret de sa force.

P. Lurçat

(Extrait d'un article paru dans Israël Magazine (c)

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MISE A JOUR - Les idiots utiles du mélenchonisme - Trois réflexions au lendemain du second tour des élections en France

July 8 2024, 12:16pm

Posted by Pierre Lurçat

Idiot utile: le président du CRIF avec E. Macron

Idiot utile: le président du CRIF avec E. Macron

MISE A JOUR: on apprend aujourd'hui que le président du CRIF est fait chevalier de la Légion d'honneur... Ce qui confirme ce que nous écrivions lundi au sujet des dirigeants communautaires qui privilégient leurs intérêts personnels ou institutionnels à ceux des Juifs qu'ils sont censés représenter et servir.

 

 

Le choix en politique n'est pas entre le bien et le mal, mais entre le préférable et le détestable.”

R. Aron

 

L’histoire n’est jamais écrite d’avance, et seule l’illusion rétrospective peut nous faire croire que les “dés étaient jetés” et qu’un processus inexorable était lancé, à un moment donné. Et pourtant, au lendemain du 7 juillet, il est difficile d’échapper au sentiment que la France vient de descendre encore un peu dans sa course effrénée vers l’abîme, même si on ignore encore quel gouvernement sortira de cette situation inédite et inquiétante. Réflexions au lendemain du second tour des élections françaises, vues de Jérusalem.

 

1.

 

Une vision manichéenne de la politique, très répandue aujourd’hui, nous conduit souvent à penser que les choix électoraux opposent le candidat du “bien” à celui du “mal”, ou encore qu’une injonction morale (“faire barrage” au mal absolu) devrait dicter nos choix. C’est bien ce type de raisonnement qui a conduit de nombreux électeurs à prétendre faire barrage au RN, quitte à porter au pouvoir LFI. Certains l’ont fait sciemment, en préférant le danger mélenchoniste à celui (supposé) incarné par le Rassemblement national, tandis que d’autres se sont réfugiés dans l’attitude confortable – mais tout aussi irresponsable – du “ni LFI ni RN”. Au sein de la communauté juive de France, le hiatus s’est ainsi creusé encore un peu plus entre une base bien au fait des réalités de la vie juive et de ses vicissitudes actuelles, et des dirigeants de plus en plus coupés des mêmes réalités, qui n’appréhendent souvent la vie politique française et la situation réelle de la France qu’à travers le prisme des médias, de l’idéologie et de leurs propres intérêts, institutionnels ou personnels.

 

2.

 

Il faut saluer dans ce contexte la clairvoyance de Richard Prasquier, ancien président du CRIF, qui a eu le courage et la lucidité de rejeter cette attitude pusillanime en appelant, comme l’ont fait les époux Klarsfeld depuis longtemps, à choisir le RN contre le danger de LFI. Ce faisant, Richard Prasquier a montré aux actuels dirigeants du CRIF qu’une autre attitude était possible que celle consistant à prétendre “refuser les deux extrêmes”. “La mise en équivalence, écrivait-il à la veille du deuxième tour, “des deux extrémismes de droite et de gauche m’a paru dépassée : entre un candidat LFI et un candidat RN, je choisirais aujourd’hui le RN et je ne voterais pas blanc car c’est voter pour le futur vainqueur et rien d’autre”.

 

Hélas, cette prise de conscience tardive n’aura pas été suivie par les dirigeants du CRIF, du Consistoire et du grand-rabbinat, qui ont préféré lâchement ne pas choisir, et ont ainsi choisi LFI. Ce faisant, ils ont été les “idiots utiles” du mélenchonisme, et ils porteront une lourde responsabilité devant l’histoire, face aux dangers auxquels les Juifs de France sont aujourd’hui confrontés.

 

3.

 

Mais ce ne sont pas seulement les dirigeants communautaires juifs qui ont été les “idiots utiles” du mélenchonisme. En réalité, ce refus de choisir entre deux dangers, entre “le préférable et le détestable” comme disait Raymond Aron, a caractérisé une large partie de la classe politique et de l’électorat français. Or, la stratégie de diabolisation du RN et de l'exaltation d’un soi-disant  “front républicain” (expression qui ne veut plus rien dire aujourd’hui) a montré ses limites, en empêchant d’appréhender un danger bien plus grand et réel, qui vient d’être amené aux portes du pouvoir. Emmanuel Macron lui-même a été l’idiot utile de Mélenchon, et il y a fort à parier que ce dernier saura triompher de cet adversaire politique pour asseoir son pouvoir et celui d’un parti antisémite qui, pour la première fois depuis 1945, pourrait prétendre diriger la France.

 

Quant à Mélenchon lui-même, il pourrait très bien lui aussi s’avérer un ”idiot utile”: celui de cette “France insoumise” qu’il pense utiliser pour réaliser ses propres ambitions, mais qui peut bien vite se retourner contre lui. Il est fort probable que, dans l’alliance contre nature entre les islamistes et l’extrême-gauche qui vient de faire triompher Mélenchon, les premiers sauront le moment venu écarter les seconds. Ce n’est pas la “France d’en-bas” qui vient en effet de remporter une victoire (relative) aux élections législatives. Ce sont les alliés du Hamas, du Hezbollah et de l’Iran qui entrent par la grande porte au Parlement français. Mais, comme dans le texte allégorique de Had Gadya que nous lisons le soir de Pessah, c’est en définitive le Saint Béni-soit-Il qui tue l’ange de la mort et qui offre le salut à Son peuple. D’ici là, prions pour que nos frères juifs de France fassent le seul bon choix qui leur reste aujourd’hui, celui de l’alyah.

P. Lurçat

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