Une étincelle d’hébreu: “Ha-Bsora”, la bonne nouvelle de la guerre à Gaza
“Ha-Bsora”: la “bonne nouvelle”: c’est – selon des sources étrangères se fondant sur un site d’information israélien d’extrême gauche – le nom d’un outil d’intelligence artificielle destiné à “accroître le nombre de frappes à Gaza”. Mais avant de savoir s’il s’agit d’une bonne nouvelle, arrêtons-nous un instant sur le mot B’sora. Dans son beau livre Jonas, que j’ai récemment trouvé dans une bibliothèque de rue à Jérusalem, l’éditeur Jérôme Lindon qui était hébraïsant, fait justement remarquer que “traduire de l’hébreu en français est une entreprise désespérée…” Je m’en suis aperçu en lisant que l’outil d’IA utilisé par Tsahal aurait pour nom Ha-Bsora, qui signifierait L’Evangile!
Comme nous l’écrivions dans ces colonnes, le mot B’sora (בשורה) signifie un message ou une nouvelle, bonne ou mauvaise. Dans la plupart des cas, il désigne en fait une bonne nouvelle, au point que l'expression biblique "Ich B’sora" (איש בשורה) signifie un "bon messager", c'est-à-dire le porteur d'une bonne nouvelle, comme dans le passage du livre de Shmuel, où Ahimaats court apporter au roi la bonne nouvelle que l'Eternel l'a vengé de ses ennemis (II Samuel 18).
L’information des médias français selon laquelle Israël utiliserait un outil d’IA dans la guerre à Gaza est donc erronée au moins sur un point : Ha-Bsora ne veut pas dire l’Evangile (cela aurait été une blague de mauvais goût envers nos amis chrétiens…). Son sens premier signifie la “bonne nouvelle”, sens qui a été détourné par les chrétiens pour désigner l’Evangile. Mais alors, quel rapport avec la guerre contre le Hamas ?
Pour répondre à cette question, je rappellerai le livre du regretté Mickaël Bar Zvi, Eloge de la guerre après la Shoah. Sa thèse, pour la résumer en une phrase, était que la guerre était une nécessité éthique et politique pour le peuple Juif. Cette vérité essentielle est tout aussi actuelle aujourd’hui qu’en 1940. Le peuple Juif, comme l’expliquait l’écrivain Yossef Haïm Brenner il y a cent ans, n’a pas encore atteint le stade du militarisme…
Depuis un siècle, nous avons certes accompli quelques progrès en ce domaine, mais le virus pacifiste demeure bien vivant en nous. C’est précisément là qu’intervient la “bonne nouvelle” de l’après 7 octobre. Non seulement le peuple israélien n’a pas oublié le métier des armes, malgré trois décennies de lavage de cerveau post-sioniste, mais il est prêt à s’engager jusqu’au sacrifice suprême pour défendre sa terre et son peuple !
Voilà la grande et belle nouvelle, la “Bsora” qui nous a été dévoilée dans l’effroi et la stupeur de l’après 7 octobre. Israël est fort et il est beau quand il combat et quand il triomphe de ses ennemis, sans pitié et sans aucune retenue ! Avec ou sans outil d’intelligence artificielle, Tsahal est en train d’écraser militairement le Hamas, avant de s’occuper du Hezbollah et du régime des mollahs. Réjouissons-nous de cette “bonne nouvelle”! Am Israël Haï !
P. Lurçat