Un 7 octobre judiciaire? Trois réflexions après la décision du procureur de la CPI
Le bouclier judiciaire que devait constituer la Cour suprême, dans l'argumentation des opposants au projet de réforme judiciaire, pour protéger les dirigeants et les soldats israéliens contre la justice pénale internationale, s'est avéré aussi illusoire que la barrière autour de Gaza. Réflexions sur le “7 octobre judiciaire” d'Israël.
1.
En demandant à la Cour pénale internationale de délivrer un mandat d’arrêt contre le Premier ministre et contre le ministre de la Défense israéliens – placés pour l’occasion sur le même plan que les chefs du Hamas – le procureur de la CPI Karim Khan a montré aux yeux du monde entier l’absurdité d’une “justice internationale” qui n’a rien à voir avec la justice, et tout à voir avec la politique la plus éhontée. Il est révélateur de voir comment cette décision inique est commentée dans les différents pays et chancelleries du monde, notamment occidental, car cela constitue un excellent baromètre de la santé morale de chaque pays.
La réaction française – un communiqué du quai d’Orsay affirmant que la France “soutient la Cour pénale internationale, son indépendance et sa lutte contre l’impunité dans toutes les situations” – en dit long sur l’état de la France, de sa diplomatie et de sa dépendance plus étroite que jamais envers l’argent du Qatar. Mais il ne faut pas confondre, comme ne manquait jamais de le rappeler l’amiral Michel Darmon z.l, la France officielle et la France réelle. La première se vautre dans la collaboration avec les ennemis d’Israël, mais la seconde comprend, dans sa grande majorité, que la justice est du côté d’Israël.
2.
Deux pays ont réagi avec force et détermination contre l’iniquité de la CPI. Le premier, les Etats-Unis, ont montré qu’ils demeuraient envers et contre tout – y compris sous l’administration Biden si souvent décriée – le plus solide allié d’Israël. Le projet de loi-éclair pour contrer la décision du procureur de la CPI est sans doute la meilleure réponse à cette décision inique. Le second pays, Israël, a fait preuve d’un rejet unanime, transcendant pour une fois les clivages et les divisions. “Pourtant décrié, le Premier ministre israélien est aujourd’hui soutenu par la population”, reconnaît ainsi un reportage de France Info, mettant à mal le mythe médiatique d’un Premier ministre détesté par son propre peuple (mythe entretenu par des intellectuels juifs de gauche désinformés ou décorés par le quai d’Orsay)
3.
Un aspect occulté par les commentateurs revêt une importance non négligeable dans le débat intérieur israélien. Pendant les longs mois de manifestations contre le projet de réforme judiciaire, on a entendu répéter comme un mantra que la Cour suprême et le système judiciaire israélien étaient le “bouclier juridique” qui protégeait Israël, ses dirigeants et ses soldats contre la justice pénale internationale. La décision du procureur Karim Khan – tout comme la procédure intentée par l’Afrique du Sud il y a quelques semaines – montrent que ce “bouclier” n’est pas plus efficace que la barrière “intelligente” qui était censée protéger la frontière de Gaza.
A cet égard, c’est un véritable “7 octobre” judiciaire auquel on assiste aujourd’hui. L’offensive judiciaire contre Israël, dans la plus pure tradition du Lawfare mené depuis plusieurs décennies par les Palestiniens et leurs alliés – est l’autre versant de l’attaque meurtrière du 7 octobre menée par le Hamas. Comme le dit justement notre Premier ministre, il n’y a aucune différence entre le Hamas et l’AP de Mahmoud Abbas, que certains esprits égarés présentent comme l’alternative au Hamas. Face à cette offensive, ce n’est pas la Cour suprême – même la plus puissante du monde – qui est le bouclier d’Israël. Le seul bouclier sur lequel Israël peut compter est celui qui “ne dort ni ne sommeille”.
P. Lurçat
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