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Binyamin Nétanyahou, le Coronavirus et le Mont du Temple

March 15 2020, 09:47am

1. La conférence de presse donnée par le Premier ministre israélien Binyamin Nétayahou jeudi soir, et celles qui ont suivi, dans lesquelles il a annoncé une série de mesures contre le Coronavirus, sont un modèle de ce que Nétayahou sait le mieux faire. Ferme, décidé, combattif, résolu : il s’est montré sous son meilleur visage, celui d’un chef d’Etat qui sait à la fois prendre des décisions vitales, sans tergiverser, et qui s’adresse à son peuple “à hauteur des yeux” (selon l’expression hébraïque). Nétanyahou s’est exprimé non seulement en dirigeant responsable, mais en véritable père de la nation, trouvant des accents paternels pour parler aux citoyens d’Israël. C’est dans ces moments de crise et d’incertitude que Nétanyahou est à son mieux, et qu’il sait parfois trouver des accents churchilliens, comme je l’écrivais il y a un an à propos du dossier iranien (1) : 

"La constance avec laquelle Binyamin Nétanyahou dénonce le péril iranien, depuis des années, n’a en effet d’égal que celle avec laquelle Churchill dénonçait Hitler en 1940, à une époque où nul ne connaissait encore les horreurs de la Shoah. Les temps ont certes changé à bien des égards, mais le danger du totalitarisme demeure tout aussi actuel. Les illusions mortelles du pacifisme se sont dissipées depuis longtemps dans le fracas des attentats et des espoirs de paix trompeurs. Israël n’a pas besoin aujourd’hui de promesses fallacieuses à la Chamberlain, mais de dirigeants courageux et lucides : en un mot, d’un “Churchill d’Israël”. Je n’ai rien à ajouter à ces mots écrits en mars 2019, sinon pour dire que Nétanyahou a su adopter la même attitude aujourd’hui, face à une menace d’un type bien différent.

 

Le “Churchill” israélien?

 

2. Mais cette fermeté et cette résolution exemplaires, face à l’Iran ou au Coronavirus, qui devraient servir de modèle à bien des dirigeants actuels, (comme l’insipide Emmanuel Macron), contrastent avec l’attitude beaucoup moins courageuse de Nétanyahou sur un autre dossier, qui n’a rien à voir en apparence : celui du Mont du Temple. On se souvient des émeutes déclenchées en 1996 suite au percement d’un tunnel archéologique, dont les musulmans avaient prétendu qu’il “mettait en danger la mosquée”, selon la calomnie inventée par le mufti pro-nazi Al-Husseini dans les années 1930 (2). Depuis cette époque, c’est-à-dire depuis le début de son premier mandat de Premier ministre, Nétanyahou s’est montré sur ce dossier sensible d’une prudence excessive, et pour ainsi dire timoré, en donnant corps à l'épouvantail agité par certains dirigeants musulmans et par ceux du Shin-Beth,qui voudraient faire croire que le Har Habayit est un "baril de poudre".... 

 

Or,  cette attitude qu’il partage avec tous les dirigeants israéliéns à ce jour, est une double erreur, psychologique et politique. Psychologiquement, elle renforce les musulmans dans leur complexe de supériorité, en les confortant dans l’idée que l’islam est destiné à dominer les autres religions et que ces dernières ne peuvent exercer leur culte qu’avec l’autorisation et sous le contrôle des musulmans, c’est-à-dire en étant des “dhimmis”. Politiquement, elle confirme le sentiment paranoïaque de menace existentielle que l’islam croit déceler dans toute manifestation d’indépendance et de liberté de ces mêmes dhimmis à l’intérieur du monde musulman. 

 

Paradoxalement, la souveraineté juive à Jérusalem est perçue comme une menace pour l’islam précisément de par son caractère incomplet et partiel : les Juifs sont d’autant plus considérés comme des intrus sur le Mont du Temple, qu’ils n’y sont pas présents à demeure et qu’ils y viennent toujours sous bonne escorte, comme des envahisseurs potentiels. L’alternative à cette situation inextricable et mortifère consisterait, comme l’avait bien vu l’écrivain et poète Ouri Zvi Greenberg, à asseoir notre souveraineté entière et sans partage sur le Mont du Temple, car “celui qui contrôle le Mont contrôle le pays”.

 

Moshé Dayan sur le Mont du Temple, juin 1967

Moshé Dayan sur le Mont du Temple, juin 1967

 

3. Quel rapport entre ces deux sujets? Le Mont du Temple n’est pas seulement le lieu des sacrifices et le premier Lieu saint du judaïsme ; il incarne aussi le rôle prophétique d’Israël parmi les nations, comme l’ont bien compris des centaines de millions de chrétiens dans le monde, qui tournent leurs yeux vers Jérusalem, source de la bénédiction pour le monde entier. C’est précisément la raison pour laquelle le renouvellement des prières juives sur le Har Habayit, loin de déclencher de nouveaux affrontements et effusions de sang, pourra amener la vie et la bénédiction au monde entier, selon les paroles des Prophètes d’Israël.

 

Pierre Lurçat


 

(1) “Le Churchill d’Angleterre et le Churchill d’Israël”.

http://vudejerusalem.over-blog.com/2018/01/le-churchill-d-angleterre-et-le-churchill-d-israel-par-pierre-lurcat.html

(2) “Al-Aqsa en danger, une invention de la propagande arabe”. https://www.causeur.fr/israel-jerusalem-alaqsa-terrorisme-145787

Sur le sujet de l’attitude à adopter sur le Mont du Temple, je renvoie à mon livre Israël, le rêve inachevé, Éditions de Paris/Max Chaleil 2018.

 

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